Mais pourquoi les cybercriminels s’attaquent à vos sauvegardes ?.

Les cybercriminels intensifient leurs attaques sur les sauvegardes des entreprises, utilisant des techniques sophistiquées pour corrompre les données et contourner les défenses traditionnelles. Selon une étude de WatchGuard, le premier trimestre 2022 a vu plus d’attaques par ransomware que toute l’année 2021, avec une tendance croissante à la destruction des sauvegardes pour forcer le paiement de rançons.

Les statistiques récentes révèlent une augmentation alarmante des attaques ciblant spécifiquement les sauvegardes des entreprises. Selon le rapport Veeam 2023 Ransomware Trends, 93% des cyberattaques visent désormais les sauvegardes. Cette tendance s’explique par la volonté des cybercriminels de neutraliser la principale ligne de défense des organisations contre les ransomwares.

L’impact de ces attaques est considérable :

  • 75% des victimes perdent au moins une partie de leurs sauvegardes lors d’une attaque
  • 39% des entreprises ciblées voient l’intégralité de leurs sauvegardes compromises
  • 14% des victimes de ransomware constatent que leur stockage de sauvegarde a été affecté (crypté ou rendu inaccessible)

Ces chiffres soulignent l’efficacité croissante des techniques employées par les attaquants pour compromettre les systèmes de sauvegarde.

La sophistication des attaques se reflète également dans leur capacité à cibler différents types de

L’impact financier de ces attaques est également significatif. En 2023, 16,3% des victimes de ransomware ont payé la rançon pour récupérer leurs données, contre seulement 6,9% en 2022. Cette augmentation reflète le désespoir croissant des organisations face à la perte de leurs sauvegardes.

La fréquence des attaques varie selon la taille des entreprises :

  • 55,8% des attaques par ransomware ont ciblé des petites organisations (1-50 employés)
  • 1 organisation sur 5 dans cette catégorie a opté pour le paiement de la rançon

Ces statistiques mettent en évidence la vulnérabilité particulière des petites structures, souvent moins bien équipées pour faire face à ces menaces sophistiquées.

Pour contrer cette tendance, les experts recommandent une approche multi-niveaux de la protection des sauvegardes, incluant :

  1. L’utilisation de sauvegardes immuables avec des périodes de rétention strictes
  2. La mise en place de systèmes d’air gap physique et logique
  3. L’implémentation de mécanismes de vérification d’intégrité basés sur des algorithmes cryptographiques robustes (e.g. SHA-256)
  4. La surveillance continue des activités suspectes sur les systèmes de sauvegarde
  5. Des tests réguliers de restauration dans des environnements isolés

Ces mesures, combinées à une formation continue du personnel IT et à une veille constante sur les nouvelles techniques d’attaque, sont essentielles pour maintenir l’intégrité des sauvegardes face à la menace croissante des ransomwares.

Les cybercriminels emploient diverses techniques sophistiquées pour corrompre les sauvegardes et maximiser l’impact de leurs attaques :

  1. Injection de code malveillant : Les attaquants insèrent du code malveillant directement dans les fichiers de sauvegarde, compromettant l’intégrité des données lors de la restauration. Ce code peut inclure des charges utiles dormantes (sleeper payloads) qui s’activent après la restauration.
  2. Manipulation des métadonnées : Les métadonnées des sauvegardes sont altérées pour rendre les fichiers inutilisables ou pour masquer la présence de fichiers malveillants. Cette technique peut inclure la modification des en-têtes de fichiers, des tables d’allocation ou des structures de répertoires.
  3. Corruption des catalogues de sauvegarde : Les attaquants ciblent spécifiquement les bases de données de catalogues qui contiennent les informations sur l’emplacement et la structure des sauvegardes. En corrompant ces catalogues, ils rendent la restauration extrêmement difficile, même si les données elles-mêmes sont intactes.
  4. Attaques par force brute sur les checksums : Des algorithmes sophistiqués sont utilisés pour générer des données corrompues qui produisent néanmoins des checksums valides, trompant ainsi les mécanismes de vérification d’intégrité.
  5. Exploitation des vulnérabilités des logiciels de sauvegarde : Les failles de sécurité dans les solutions de sauvegarde sont exploitées pour injecter du code malveillant ou pour contourner les contrôles d’accès.
  6. Chiffrement partiel intelligent : Au lieu de chiffrer l’intégralité des fichiers, certains ransomwares ne chiffrent que des parties critiques, rendant la restauration partielle inefficace tout en accélérant le processus d’attaque.
  7. Manipulation des journaux de transactions : Dans les systèmes de bases de données, les attaquants ciblent les journaux de transactions utilisés pour la récupération, rendant impossible la restauration à un état cohérent.

Pour contrer ces techniques avancées, les organisations doivent implémenter des mesures de protection multicouches, incluant :

La protection efficace contre ces techniques de corruption nécessite une approche holistique de la sécurité des sauvegardes, intégrant des contrôles techniques, des processus rigoureux et une formation continue du personnel IT.

Les Ranomwares modernes ne se contentent plus de chiffrer les données, mais intègrent désormais des fonctionnalités de destruction irréversible. Le ransomware Blackcat (ALPHV) illustre cette tendance en corrompant les données plutôt que de simplement les chiffrer. Cette approche rend la récupération impossible, même après paiement de la rançon, augmentant ainsi la pression sur les victimes. La corruption des données peut prendre plusieurs formes :

Ces techniques sophistiquées visent à maximiser les dégâts et à contourner les stratégies de sauvegarde traditionnelles. Pour se protéger, les entreprises doivent adopter des approches multi-niveaux incluant des sauvegardes immuables, des systèmes d’isolation physique (air gap) et des protocoles de vérification d’intégrité renforcés.

Les sauvegardes cloud mal configurées représentent une vulnérabilité critique exploitée par les cybercriminels. Les opérateurs de rançongiciels comme Maze ciblent spécifiquement ces sauvegardes mal sécurisées pour maximiser l’impact de leurs attaques. Les principales failles incluent :

Pour atténuer ces risques, les entreprises doivent implémenter une authentification multifacteur (MFA), un chiffrement robuste (e.g. AES-256), une segmentation réseau stricte, et des audits de sécurité réguliers de leurs configurations cloud. L’utilisation de solutions de Cloud Access Security Broker (CASB) peut également renforcer la visibilité et le contrôle sur les données stockées dans le cloud.